Un automne presque parfait

Il fait froid… Du moins il commença à faire froid dès que je me suis assise devant la fenêtre en ce bon matin avec un bon chocolat chaud entouré d’un bon pull et d’une grosse couverture et d’une bonne paire de chaussette en laine aux pieds. L’été a laissé sa place à l’automne assez rapidement, je n’ai pas vu que le temps a passé si vite, je trouve cela tellement triste, j’ai l’impression que le 1er janvier était seulement la veille. Je me rends compte seulement que maintenant que je ne prends pas le temps de profiter les petits plaisirs de la vie, de prendre du temps rien que pour moi. Je ne me souviens même pas de la dernière fois où j’ai fait une soirée entre filles dans une boîte de nuit ou à la maison, encore moins d’avoir fait du shopping… À travers la fenêtre, la brume se lève sur le jardin et les montagnes qui se trouvent devant mes yeux, j’aime l’automne, ces couleurs flamboyantes, les feuilles qui tombent des arbres, le paysage prend un autre virage. Un faible sourire apparaît sur les traits fins de mon visage aussi blanc que le lait. La nostalgie revient au galop en surgissant dans mon esprit sans que je m’y attende, je me vois dans cette pièce où ma mère me préparait un bon chocolat chaud le matin au moment où je me réveillai avant d’aller à l’école avec les cheveux en pagailles et le pyjama qui est trop grand pour moi, comme elle avait l’habitude de le faire. Son rire me parvient difficilement aux oreilles quand elle m’apercevait dans cet état là, je n’ai jamais été du matin, mais cette saison-là agissait d’une drôle de manière sur moi, son visage et son odeur me semblent si loin dans mon esprit. À cette période de l’année, j’aimai bien m’inventer des histoires dans mon esprit, à porter des vêtements de couleur marron, beige, mettre une bougie qui sent les épices et le chocolat, à me balader dans la forêt, voir des écureuils surgissant d’un arbre à l’autre avec mon grand-père, à jouer devant la maison sur la cour avec une corde à sauter ou avec mes poupées. Je ne saurai comment l’expliquer mais je me retrouvai souvent seule dans mon coin à ce moment-là, c’est seulement à partir de l’hiver que je pouvais me permettre de m’ouvrir et jouer avec les camarades de classe, ou avec les enfants du voisin. À l’automne, je n’étais pas bavarde, aussi bien à la maison que dans des lieux publics. Je me renfermai sur moi-même et ma mère se sentait impuissante en me voyant comme ça. Pendant plus d’une heure et demie, je rêvasse en sentant le chocolat se refroidir dans mes mains, alors je le buvais aussi vite que je le pouvais pendant qu’il était encore tiède.